Survivre au pays des chasseurs Dogons

Pas facile de livrer ses impressions au retour du Mali.

Comment comparer l’incomparable ? Pourquoi trouve-je nos pays
incomparable alors que j’ai pu vérifier ce qu’un ami me dit une fois :
"Nous avons moins de différences culturelles avec les Africains qu’avec
les Asiatiques" ?
Pourquoi dès mon arrivée à Bamako, en voyant le
tapis roulant des bagages de l’aéroport en panne, je me suis dit
"Bienvenue en Afrique" ? Pourquoi cela avait-il l’air d’embêter encore
plus les Maliens que moi, sur l’air du "Y’a jamais rien qui fonctionne
bien dans notre pays" ? Pourquoi le bus que j’ai pris entre Sévaré et
Bamako est-il évidemment tombé en panne ? Pourquoi ai-je régulièrement
pensé "Quel pays de galériens, quand même…" ?

Pourquoi ai-je
ressenti une légère parano en me retrouvant pour la première fois de ma
vie le seul blanc, le seul Toubabou parmi 80 Maliens dans ce bus bondé
? Pourquoi inversement, ai-je eu l’impression de me retrouver 50 ans en
arrière lorsqu’à table à l’hotel, partageant mon repas avec seulement
des blancs, je voyais le serveur noir attendre debout en bout de table
?
Pourquoi
ai-je vu ma vie défiler quand je suis monté, au milieu de nulle part,
dans ce taxi qui n’a démarré qu’une fois poussé par six enfants, un
jerrican placé sous le siège du passager en guise de réservoir
d’essence ?

Pourquoi ai-je été touché par cette petite fille
Dogon, fière de me montrer les mots de français écrits dans son cahier
d’école, "une lampe à pétrole", sur le chemin longeant la mosquée ?

Pourquoi fallait-il que mon guide s’appelle Emile, m’obligeant au beau milieu de la quiétude des champs dogons à me répéter toutes les dix minutes cette phrase : "Mais c’est Emileuuuuh le tueur !!!" ?

Pourquoi ai-je été si content d’aller chez le cordonnier faire réparer
mes chaussures de marche, en songeant que si ça m’était arrivé en
France, mon premier réflexe aurait été d’aller en acheter une nouvelle
paire en gueulant contre la multinationale Quechiante ?

Pourquoi ne me suis-je jamais senti seul ou en insécurité ?

Pourquoi ai-je envie de repartir en Afrique Noire ? (Mais cette fois-ci
dans un endroit avec des éléphants, faut pas déconner, il est temps de
réaliser mes rêves d’enfants !)

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