Ne pas se prendre pour Richard Gere

 
Dans les films, on joue du Strauss pendant que les deux héros s’aperçoivent. Lorsqu’ils s’adressent la première fois la parole sur la terrasse, un verre de champagne à la main, on comprend que c’est un coup de foudre.
Dans la vraie vie, on en est à son troisième demi lorsqu’on aperçoit un charmant petit mec au comptoir. On s’adresse la parole devant les chiottes du bar, sans cesse interrompus par les gens qui passent entre nous pour aller pisser.
 
Dans les films, les héros se donnent un premier rendez-vous dans un endroit très chic.
Dans la vraie vie, on est obligé de passer derrière le bar avec nos consos pour rejoindre la petite salle, parce que deux pochtrons sont en train de mimer les Blues Brothers dans le passage.
 
Dans les films, après avoir révélé à son épouse l’existence d’une autre femme, le héros va fumer une cigarette sur le balcon en regardant d’un air inspiré les lumières de la ville, pendant qu’en fond sonore on entend des bruits de vaisselle cassée.
Dans la vraie vie, après avoir discuté jusqu’à quatre heures du mat’ avec son régulier, on rallume la lumière une demi-heure après parce que personne n’arrive à dormir et on regarde un épisode des Simpson.
 
Dans les films, le héros fond en larme en voyant passer une mouette, puis il y a un fondu enchaîné qui le montre marchant main dans la main avec sa femme sur le sable lors de leur lune de miel à Veracruz.
Dans la vraie vie, on se retrouve les larmes aux yeux sur la ligne 5 à neuf heures du mat, parce que Bashung vient de chanter dans le baladeur que "toi et moi / pas besoin d’aller chercher le bonheur plus loin / il est là bien à l’abri des rideaux vichy".
 
 
PS : tu l’auras compris, je vis ce qu’on appellerait dans Psychologie Magazine un "bouleversement intérieur" (ou comme dit Clara Sheller "une vie un peu bordélique"). Mais pour ne blesser personne, je n’écrirais pas trop la-dessus, ou alors en différé, comme c’est le cas pour celui-là.
 
 
 
Cet article a été publié dans Non classé. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire